La communication est essentielle au bien vieillir.

Ma voisine et amie, Laure, est orthophoniste. Elle m’a fait parvenir la vidéo ci-dessous, qui date du mois de Décembre 2015 : ce film est une ALERTE COMMUNICATION, destiné à tou-te-s nous sensibiliser à son importance pour nos aîné-e-s, afin d’éviter l’isolement, de restaurer le lien social et de maintenir la dignité de tous.

Cette vidéo est le fruit du travail de spécialistes des pathologies de la communication, qui aident la personne âgée dans ses difficultés. Par contre, c’est bien l’entourage proche des aîné-e-s qui peut œuvrer quotidiennement pour prévenir des risques d’isolement et du déclin cognitif.

Ce film propose 3 préconisations-clefs pour aider au mieux à la communication de nos aîné-e-s et il s’avère que je peux témoigner, ici, de la forme que prennent ces préconisations dans ma façon de communiquer avec ma grand-mère.

PRÉCONISATION  1

Favoriser le plaisir de l’échange entre les générations et les interactions plurielles, variées et ajustées pour éviter l’isolement.

Le jour de Noël est vraiment, pour ma grand-mère, le summum de ce rendez-vous d’échanges pluriels et variés. C’est le moment où elle côtoie, dans la même pièce et dans le même temps, plusieurs générations. De plus, cette année, nous l’avons fêté chez son plus proche voisin : mon père ! Je pense que nous étions au top de l’organisation pour elle. Elle a ainsi profité de l’ensemble des convives à sa guise. Et elle a pu rentrer chez elle, au moment où elle le souhaitait !

Elle leur a également offert les cadeaux qu’elle avait choisis elle-même, quelques jours avant, lors d’un marché de Noël de proximité. D’ailleurs, merci au 27 pour cette initiative !

Ma nièce de 14 ans, en la raccompagnant chez elle pour découvrir sa maison, a rencontré son chat Capucine. Elle qui adore les animaux, s’est proposée de la peigner. Et c’est avec grand plaisir que ma grand-mère l’a laissée faire, alors qu’elle n’en a pas forcément la force.

Il y a aussi ce moment où mon fils s’est mis à faire des photos avec elle, en utilisant les filtres snapchat. Quel plaisir de la voir rire aux éclats en se découvrant déguisée pour l’occasion !

Les technologies de communication qui l’entourent, l’étonnent ! Ordinateur, smartphone, tablette, elle a bien compris que nous y étions tous accros. Elle se rend aussi compte que ça fait partie de notre vie d’aujourd’hui et qu’il est bien difficile de faire sans !

PRÉCONISATION 2

Favoriser les conditions de l’appétit et de l’appétence à la communication en mettant en avant le plaisir lors des repas et des échanges (sous différentes modalités).

Repas de fêtes, d’anniversaires, goûters ou seulement thés du dimanche après-midi, toutes les occasions sont bonnes pour nous retrouver avec elle, et partager un bon repas, voire une petite coupette ! Ce qu’apprécie ma grand-mère, avant tout, dans ces multiples formes de repas, c’est la convivialité ! Et, dans ma famille, elle passe par une coupe de champagne pour ouvrir le repas et un verre de vin pour l’accompagner. Nous avions aussi pris l’habitude d’aller au restaurant tous ensemble pour son anniversaire. Aujourd’hui, nous avons aussi appris à nous adapter à son état de santé. D’ailleurs, le choix du restaurant, au-delà de l’aspect culinaire et du budget, doit aussi être pensé en termes d’accessibilité. Il faut pouvoir se garer au plus près, éviter trop d’escaliers et avoir des toilettes praticables pour une personne âgée. Angoulême dispose de nombreux restaurants agréables mais, malheureusement, le centre-ville induit souvent ce genre d’inconvénients.

PRÉCONISATION 3

Prévenir les risques en utilisant des adaptations, des prothèses sensorielles ou motrices pour favoriser l’autonomie (comme les lunettes ou les appareils auditifs par exemple).

Ma grand-mère est appareillée de prothèses auditives depuis déjà quelques années. Son audition a diminué entre son premier équipement et celui d’aujourd’hui mais la qualité des appareils actuels nous permet d’avoir un vrai échange.

Je me rappelle la période intermédiaire, où elle venait accompagnée de mes parents, en Charente, pour les fêtes de Noël. Lors des repas, elle était là avec nous, physiquement seulement : elle ne nous entendait pas et ne pouvait donc pas nous répondre. Déjà que la distance géographique ne nous aidait pas à créer du lien, cette situation la frustrait autant que nous !

Heureusement, aujourd’hui, cette situation est révolue avec la qualité de son matériel. Nous avons mis en place une révision de ses appareils tous les 6 mois : cela permet de les entretenir (nettoyage et changement d’un petit tube de plastique), d’en vérifier les réglages électroniques et de faire le point sur son audition, dans l’idée de faire perdurer le plus longtemps possible cet investissement réalisé en 2015.

Elle a également des lunettes qu’elle vient juste de changer. Elle a perdu la vision totale de son œil droit, mais a conservé une vision de 7 à son œil gauche. Elle se plaignait de voir de moins en moins bien depuis son hospitalisation en mai dernier.

J’avais bien eu l’idée de prendre un rendez-vous chez un ophtalmo au plus vite. J’ai été ralentie dans mon élan par la présence de l’appareil à oxygène auquel elle était branchée 24H/24H. J’ai finalement pris un rendez-vous au mois de Septembre, pour le mois de Décembre. Et encore, c’était rapide ! Nous sommes venues pour un bilan de la vision et sommes reparties avec un traitement laser au passage, ce qui nous a obligées à revenir 8 jours plus tard, pour obtenir l’ordonnance nécessaire au changement de lunettes.

Ces nouvelles lunettes (comme le traitement au laser) n’ont pas amélioré sa vision qui reste stable. Par contre, cela nous a permis de vivre des moments privilégiés toutes les deux. Elle a choisi elle-même l’esthétique de ses nouvelles lunettes et elle est entrée en interaction avec une multitude de personnes différentes, qui l’ont toutes traitée avec égard.

Merci encore à Laure de m’avoir partagé l’existence de cette vidéo. N’hésitez pas à la diffuser à votre tour autour de vous : c’est ça, la communication !

Et vous, quels sont vos rituels familiaux propices à la communication avec vos parents ou grands-parents ?

COCO, c’est moi Miguel !

 

Durant les vacances de Noël, j’ai accompagné mon fils au cinéma pour voir COCO, le dernier film d’animation de Pixar et Walt Disney, sorti en salle le 29 Novembre dernier. C’est l’histoire de Miguel, qui veut croire et réaliser son rêve de devenir musicien, malgré l’interdiction de sa famille !

C’est une histoire sur la transmission familiale, qui se construit sur une blessure du passé. C’est surtout l’histoire de l’amour familial et du lien intergénérationnel, au-delà de la mort.

Mon fils a 12 ans, comme le personnage principal, mais lors de la séance, je me rends compte que Miguel, c’est moi !

Sa passion qu’il ne s’autorise pas à vivre de peur d’être mis de côté par sa famille, sa passion qu’il doit exposer au grand jour, et aussi, cette quête d’être autorisé par ses pairs à la vivre ! Ce film, c’est aussi une fenêtre sur une autre culture que la nôtre, pour célébrer la mémoire de nos morts.

Et c’est avec émerveillement que j’ai découvert la tradition de Dia de los MuertosLe Jour des Morts. Chaque année, lors de cette nuit, les Mexicains rendent hommage aux disparus, afin de les accueillir pour partager un moment avec eux dans le monde des vivants. C’est une vraie fête où les enfants, les adultes et les aînés se retrouvent pour honorer leurs origines.

Jusqu’à présent, je fêtais Halloween avec famille et amis. Les déguisements, les maquillages étaient prétexte à utiliser notre créativité familiale pour passer une bonne soirée.

Par contre, avec Dia de los Muertos, je trouve un écho à mon besoin de rendre hommage aux disparus de ma famille. De rendre leur présence parmi nous visible. J’aime beaucoup l’idée des photos sur un autel, entourées de toutes les choses qu’ils aimaient. Même si, pour moi, la photo n’est peut-être pas nécessaire. Depuis la mort de ma mère, j’essaie de toujours avoir une orchidée à la maison, surtout à la date anniversaire de sa mort. C’est une fleur qu’elle aimait énormément, et qui l’a accompagnée avec abondance le jour de sa crémation. Cette année, c’est ma grand-mère qui me l’a offerte, c’était encore plus fort de symbole pour moi.

Pour ma grand-mère, les photos représentent son lien entre les vivants et les morts, elles l’accompagnent, l’entourent dans son quotidien. Elles lui permettent de stimuler sa mémoire et de créer une interaction avec toute nouvelle personne qui lui rend visite :

« C’est ma famille, je veux les avoir avec moi ! »

D’ailleurs, elle m’a exprimé le besoin d’en rajouter : il manque encore quelques personnes vivantes et mortes pour compléter son mur du « souvenir » !

Pour en revenir au film, le personnage touchant de Mama Coco, l’arrière-grand–mère de Miguel, est le dernier lien vivant avec le souvenir de son arrière- arrière-grand-père, son père à elle.

Elle est la seule à se souvenir de cet homme, que toute la lignée suivante a décidé de bannir de la mémoire collective. Ce musicien , parti par amour pour son art, n’est jamais revenu auprès des siens et a provoqué cette blessure profonde, que Miguel subit encore deux générations plus tard !

Mama Coco vit avec les siens. Elle est présente à chaque moment de la vie familiale, depuis sa chaise roulante, somnolente et le visage apaisé.

Je me suis reconnue dans ce lien de tendresse que Miguel tisse avec elle. Il lui raconte les anecdotes de sa vie, il fait le pitre devant elle, impassible sur sa chaise, avec toujours la même expression sur le visage. Elle est là physiquement mais son esprit n’est pas connecté au mouvement de la vie, qui s’agite sous ses yeux clos. Pourtant, elle s’éveillera et communiquera quand Miguel chantera la chanson que son père chantait seulement pour elle, quand elle était enfant !

Ce film m’a chamboulée, pour l’ensemble des thèmes et des valeurs qu’il met en lumière. Je suis vraiment heureuse d’avoir partagé ce moment avec mon fils, afin de lui transmettre mes propres valeurs familiales et lui dire que, quels que soient ses choix, que je les partage ou pas, il aura toujours tout mon amour, ma bienveillance et mon soutien. J’espère que notre histoire commune sera une base solide pour qu’il puisse construire la sienne à son tour !

le plus beau des cadeaux !

Samedi, en me rendant chez ma grand-mère, j’ai trouvé une grande enveloppe kraft, avec une écriture manuelle, qui attendait dans la boîte aux lettres.

– Bonjour Mamie ! Regarde, tu as reçu une lettre aujourd’hui. Elle vient de Normandie !

– De Normandie ?! Ouvre-la, s’il-te-plaît !

Je n’avais pas la moindre idée de ce que nous allions découvrir dans cette lettre, et je ne vous cache pas ma joie en découvrant 2 photos format A4 de… tombes !

Oui, de la joie, vous avez bien lu ! Car ce n’étaient pas n’importe quelles tombes, c’étaient celles de mon grand-père et de mon oncle.

Ces tombes se trouvent en Seine-et-Marne, dans une petite commune de 521 habitants, où mes grands-parents avaient posé leurs valises, pour profiter d’une retraite bien méritée.

Je ne connais pas bien cette commune : elle était seulement le lieu de mes vacances scolaires jusqu’à mes 13 ans environ. Eh oui ! Passé cet âge, j’avais d’autres préoccupations que de prendre mon vélo et de chercher l’endroit idéal, dans les bois tout proches, pour y construire la plus belle des cabanes.

Pour ma grand–mère, cette commune, c’était chez elle ! Elle y avait sa maison, ses poules, son jardin… et le cimetière, où mon oncle fut rejoint, quelques années plus tard, par mon grand-père. Elle s’y rendait une fois par semaine. Elle prenait le temps de nettoyer les tombes, et de partager un moment avec eux. C’était devenu une habitude, un rituel.

Quand elle s’est installée en Essonne, près de mes parents, elle a continué de s’y rendre, mais seulement quelques fois dans l’année, surtout à la Toussaint, pour y mettre des fleurs artificielles.

– Tu sais, Magalie, les vraies fleurs, c’est bien, mais ça ne dure pas, contrairement aux artificielles !

Il a fallu un petit moment à ma grand-mère pour appréhender les photos et leurs détails, mais une fois ce temps pris, c’est avec émotion qu’elle s’exprima :

– Tu te rends compte Magalie, il y a quelqu’un qui pense à eux et à nous, on n’est pas abandonnés!

– Je vois que ça te fait plaisir ces photos, je suis vraiment contente pour toi ! Es-tu rassurée de voir que leurs tombes sont en bon état ?

– Oui, regarde : je me rappelle avoir choisi ces fleurs jaunes sur la tombe de ton grand-père. Elles sont comme des roses, mais ça n’en est pas ! On voit bien aussi les inscriptions !

Il se dit qu’une tombe est « une dernière demeure », et je réalise que, pour ma grand-mère, cette expression prend tout son sens : c’est bien l’endroit où elle aimait « rendre visite » à son mari et à son fils pour prendre soin d’eux. C’est là-bas qu’elle souhaite les retrouver, le moment venu. Et il en sera ainsi.

Merci à Anne-Marie, la bienfaitrice qui a rendu cela possible. Il s’agit d’une amie de la famille, qui vit en Normandie, et qui a saisi l’occasion d’un déplacement en région parisienne, pour faire un crochet par leur « maison ». Elle ne pouvait pas imaginer lui faire un plus beau cadeau qu’en accomplissant ce détour sur le chemin de la mémoire.

Ma première fois au Café des Aidants.

ma première fois au café des aidants

Au mois d’octobre dernier, je me suis rendue pour la première fois au Café des Aidants d’Angoulême. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. Mais ce qui était sûr, c’est que je ne risquais rien à en faire l’expérience.

Le rendez-vous était fixé à 10h. Je suis arrivée devant une porte close, où une dame attendait également, et je l’ai abordée :

– Bonjour, Madame, vous venez au Café des aidants ?

– Oui, mais j’ai tenté de pousser la porte et elle est fermée !

– Oui, je vous le confirme, elle est bien fermée !

A ce moment-là, un Monsieur, qui mettait des pièces dans un parcmètre, nous a interpelées :

– Il y a une autre entrée sur l’autre rue !

– Merci Monsieur ! Vous y allez peut-être aussi ?

Pas de réponse de la part de ce monsieur. Sans attendre davantage, nous avons décidé de chercher ensemble cette fameuse entrée. J’ai ralenti mon pas, qui était bien trop long pour ma nouvelle compagne.

Effectivement, l’autre porte était toute proche et donnait bien sur un vrai café !

La première fois dans un lieu, avec des convives inconnus, est toujours un mélange de gêne et d’interrogations sur l’identité de chacun.

Par contre, ce sentiment a été vite dissipé par la bienveillance de nos hôtes du jour : Claire, infirmière coordinatrice, et Dominique, psychologue clinicienne. Elles nous ont mises à l’aise en se présentant et en nous offrant un café !

Nous étions une dizaine de personnes : il y avait les « fidèles », les « fidèles » qui n’étaient pas venus depuis longtemps, comme le monsieur du parcmètre, et les nouveaux, dont je faisais partie, avec la dame que j’avais rencontrée quelques minutes plus tôt.

Nos hôtes nous ont expliqué que ce rendez-vous est organisé par la Mutualité Française Poitou-Charente et l’Association des Aidants.

Sur Angoulême, le choix d’organiser ce rendez-vous le Samedi matin a été fait afin d’être accessible au plus grand nombre d’entre nous. Eh oui ! Etre aidant a plusieurs visages et plusieurs degrés d’implication. Nous pouvons être époux (se), enfant, ami(e), petits-enfants, voisin(e). Nous pouvons aider une personne malade, un enfant ou un adulte handicapé, une personne âgée.

Ces rendez-vous ont lieu tous les troisièmes samedis du mois et se déploient autour d’un thème particulier.

Ce thème permet aux personnes présentes de pouvoir s’exprimer plus particulièrement sur un aspect de leur vie d’aidant. Nous pouvons aussi aborder tout autre sujet de notre quotidien ou de notre ressenti, tant que nous restons dans le respect du temps de parole de chacun, la confidentialité des situations de nos aidés et, surtout, sans jugement de celui qui prend la parole. Et nous pouvons, aussi, ne rien dire, être à l’écoute, accueillir les sentiments de nos convives et, parfois, nous reconnaître dans leur expérience.

Le thème du mois d’octobre était :

« Emotions et réactions : comment les gérer ? »

Nos hôtes nous ont proposé de choisir, parmi des photos étalées devant nous, celles qui représentaient le plus nos émotions d’aidants. Nous pouvions en choisir plusieurs.

Puis le tour de table a commencé. En partant du témoignage des plus courageux, la conversation a rebondi d’expérience en expérience. Chacun s’est exprimé, et c’est toute la palette d’émotion que l’être humain peut ressentir dans ces contextes qui est apparue : culpabilité, injustice, incompréhension, désarroi face à la vieillesse, la maladie et leurs conséquences. Notre proche n’est plus, et ne sera plus, la personne que nous avons connue, aimée et qui nous a, aussi, parfois, tellement soutenue en d’autres temps.

Autant de situations humainement difficiles et différentes, que nous devons accepter pour les aider à finir, au mieux, leur vie parmi nous, tout en ayant conscience de notre vulnérabilité face à nos propres limites. Une fois celles-ci identifiées et acceptées, il existe des relais extérieurs institutionnels, associatifs et professionnels, pour être soutenus dans notre quotidien et nous permettre de préserver les petits moments de bonheur de vie partagés qui existent encore.

Ce rendez-vous m’a permis de m’exprimer sur mon expérience personnelle, sur mon cheminement dans ce rôle d’aidant, et sur ce que j’ai mis en place pour ma grand-mère. Cela m’a permis d’avoir les retours de mes semblables, de susciter encouragements et questionnements sur leur propre expérience, même pour ceux portés par l’amour de leur proche et qui, malheureusement, ne vivent pas la même chose que moi. Certains se démènent au quotidien, pour maintenir la dignité de la vie, dans l’isolement et, parfois, jusqu’à leur propre épuisement.

En tout cas, je vous recommande ce rendez-vous libérateur et ressourçant.

Nos hôtes ont été à notre écoute, bienveillantes, rassurantes et vigilantes, afin de pouvoir amener un conseil personnalisé à la fin de notre rencontre, à ceux qui se trouvent en grande détresse.

Vous pouvez retrouver plus d’informations ici : http://www.aidants.fr/vous-etes-aidant/participer-action-pres-de-chez-soi/cafe-aidants

Et plus particulièrement pour celui d’Angoulême :

Troisième samedi du mois.

Café la Colombière – 5, rue d’Aguesseau – 16000 Angouleme

L’esprit de famille, sans terre et sans racines.

photo de E.BENARD

J’ai un rapport à l’habitat qui est intimement lié à l’épanouissement de l’esprit de famille.  La maison doit être facile à vivre dans ses usages au quotidien, et modulable dans sa façon d’accueillir tous les membres d’une même famille. Chacun doit se sentir chez lui, à son aise ! Que nous soyons à demeure ou en visite, chacun doit jouir d’un espace suffisant pour ne pas imposer sa présence à l’autre et, en même temps, partager des moments de convivialité tous réunis.

Je vous concède que c’est facile pour moi d’avoir cette considération, car je vis en Charente, où le prix du m² me permet de me préoccuper du luxe de l’espace. La Charente justement, cette région que j’ai choisie, ou plutôt, qui m’a choisie, pour que je puisse goûter le luxe de l’espace afin d’y planter mes racines ! Moi qui suis, sur le papier, Normande (et qui vis avec un Picard !), je me sens à ma place ici. Avant de découvrir cette sensation d’être pleinement où je dois être, j’avais la sensation de n’être de nulle part, sans appartenance réelle à une région, notamment à ma région natale : la Normandie. J’en avais une représentation de carte postale, composée de pommiers, de vaches et où le calva et le cidre coulent à flot. Pourtant, mes cousins, mes oncles et tantes me rappellent, à chaque fois que nous nous retrouvons, mon appartenance à cette région.

En fait je n’étais pas sans racines mais déracinée.

A l’âge de 3 ans, je suis partie de Normandie pour la région parisienne, en vivant un changement de lieu d’habitation tous les 3 ans en moyenne. Petit, vieux, atypique, inadapté à la taille de ma famille, nous devions nous habituer rapidement à chaque nouvelle ville et nouvel espace, et pallier systématiquement ce qui nous manquait, pour que chacun puisse y trouver sa place. Une chambre en moins, une salle-de-bains au fond d’une cour, un manque de rangement… Mes parents qui travaillaient beaucoup et étaient peu présents à la maison avec nous, s’arrangeaient toujours pour que ces désagréments d’habitat soit compensés. Cela passait par l’achat de mobilier ou de petites rénovations en fonction de leur énergie et de leurs moyens du moment.

Ainsi, être chez soi, c’est avoir un espace qui comble nos besoins premiers, en fonction de notre situation de vie et qui permet à l’esprit de famille de s’y épanouir ! La maison devient lieu de vie et de convivialité le temps d’un repas, d’un week-end ou de vacances partagés en famille. Le temps et l’espace ne doivent pas être des freins au plaisir d’être ensemble.

A présent que ma grand-mère est installée chez elle, c’est avec enthousiasme que je m’apprête à accompagner mon père afin que sa maison gagne en lumière, en fluidité de déplacement et surtout qu’elle devienne le point d’ancrage charentais pour toute ma famille Normande !

Le fauteuil de Gratienne.

Ma grand-mère a un lien affectif particulier avec certains de ses meubles. Au-delà de leur fonction, ils sont les souvenirs et les symboles de son chemin de vie.

Il y a son lit, son armoire de chambre-à-coucher et son fauteuil ! Ce sont les objets que je me suis efforcée de conserver et d’intégrer dans sa nouvelle habitation.

Son fauteuil, c’est la pièce maitresse de son environnement de vie quotidienne. C’est sa tour de contrôle ! Elle y passe tout son temps.

Il est confortable, un peu avachi par les années et il est électrique. Mais elle n’utilise pas cette fonctionnalité, que j’ai pourtant tenté, à plusieurs reprises, de lui montrer, surtout pour qu’elle puisse en sortir plus facilement, mais rien à faire ! Peut-être qu’elle ne l’utilise pas car elle l’associe au lit médicalisé, ou, tout bonnement, parce que cette grosse télécommande a du mal à cohabiter avec elle sur l’assise !

Ce fauteuil, c’était aussi celui de Clément, son mari, qui n’en a malheureusement pas beaucoup profité.

Pourtant, aujourd’hui, ma grand-mère m’a manifesté le souhait de, peut-être, acquérir un nouveau fauteuil pour la nouvelle maison ! Le temps a dû faire son œuvre pour que ce fauteuil ne soit plus associé au souvenir de mon grand-père mais reprenne juste sa place de meuble !

Voilà ma nouvelle mission pour 2018 : l’accompagner à choisir son nouveau fauteuil : matière, couleur, fonctionnalité au programme ! Je ne manquerai pas de vous tenir au courant de mes découvertes !

 

Le notaire, un vrai conseiller.

Avec ma sœur, nous nous sommes demandées comment mon père et ma grand-mère pouvaient acquérir une maison ensemble. Très naturellement, je me suis adressée au notaire auquel j’avais fait appel pour l’acquisition de ma maison.

J’ai ainsi pris rendez-vous avec lui, afin de lui expliquer notre idée du projet et avoir son avis sur les meilleures options à prendre pour notre cas particulier.

Eh oui ! Le notaire est un passage obligé pour les achats et les ventes immobiliers mais il a surtout un rôle de conseil pour toutes les questions relatives au patrimoine et aux intérêts familiaux.

 Il a écouté notre histoire, le contexte et m’a conseillée ce qui lui semblait être le plus juste, en fonction des lois en vigueur.

Nous avons ainsi établi la trame du futur acte d’achat, avant même de signer le compromis de vente.

En sortant de ce rendez-vous, j’ai eu le sentiment d’avoir gagné en temps et en sérénité pour continuer à avancer sur les autres étapes du projet.

Ce conseil est gratuit, ne vous en privez pas !

Pour plus d’informations, vous pouvez vous rendre sur : www.notaires.fr

L’armoire de Gratienne.

Lors de ma réflexion sur l’aménagement intérieur du studio, j’ai naturellement imaginé séparer visuellement l’espace chambre de l’espace séjour, par un grand placard avec double fonction : rangement côté chambre, mur pour soutenir la TV côté séjour. Quelques heures plus tard, j’étais très contente de moi en regardant le résultat sur le logiciel Sketch Up ! J’étais même allée plus loin, en me rendant à Ikea pour voir comment j’allais adapter cette idée avec des modules existants. Plan du logement ok, adaptation existante à Ikea ok, budget défini ok !

J’étais en mode « problème = solution » et je ne m’étais pas du tout interrogée sur ce que voulait faire ma grand-mère de l’armoire qu’elle avait dans sa chambre-à-coucher en région parisienne ! Elle n’a pas tardé à me ramener à sa réalité quand elle m’a posé cette question :

« Magalie, dis-moi, où vas-tu mettre mon armoire ? »

Aussitôt, j’ai compris ma maladresse : je n’avais pas pris en compte l’attachement qu’elle avait pour son armoire.

« Elle est importante pour toi cette armoire, Mamie ?

– Oui, où veux-tu que je range mes vêtements, sinon ?! Et tu sais, c’est avec ton grand-père que nous avons acheté cette chambre-à-coucher ! »

J’ai alors vraiment pris conscience de l’écoute indispensable que je devais porter aux besoins non-exprimés de ma grand-mère ! Pour s’approprier son nouveau lieu de vie, elle avait besoin de retrouver ses repères, et surtout ceux qui ont de l’importance pour elle. Cette importance est forcément d’usage mais elle est surtout un attachement à ses souvenirs.

Je n’ai pas pour autant renoncé à mon idée d’aménagement, qui me semblait être la plus optimale pour délimiter visuellement les différents espaces et faire circuler la lumière. Par contre, j’ai adapté mon idée première pour que cela soit réalisé avec son armoire !

Une fois les travaux du studio finis, place à l’aménagement et surtout à la nouvelle vie de l’armoire de Gratienne !

Toute notre famille a été mise à contribution pendant une journée. Notre challenge : déménager sa chambre de la maison de mon père à son nouveau nid, en intégralité ! Et la première étape de cette journée a été l’adaptation de l’armoire au nouvel espace. 2 planches de bois aux bonnes dimensions, une scie cloche, un support de TV universel, des vis à bois et des vis avec boulons ont été nécessaires pour réaliser une armoire double fonction.

Côté chambre : la fonction rangement.

A l’origine, elle était composée de 3 portes à ouvertures à clés. J’ai choisi d’enlever les portes, afin de gagner de la place entre l’armoire et le lit, et je les ai remplacées par des rideaux. Pratique et esthétique : tout ce que j’aime ! Le passage est peut-être un peu étroit pour ma grand-mère qui n’a plus la marche assurée ; par contre, cela reste très praticable pour les aides à domicile qui s’occupent d’elle, matin et soir. J’aurais gagné de la place si le tour du lit de ma grand–mère avait était moins massif mais, pour cela, nous aurions dû en changer et elle n’était vraiment pas prête à s’en séparer ! Pour le confort de tous, j’ai ajouté de la lumière dans chacune des colonnes ! C’est un éclairage à pile muni d’une cellule. Quand le rideau est fermé, la lumière est éteinte et quand le rideau est ouvert, la lumière s’allume. C’est magique !

Côté salon : un mur décoratif avec sa télévision suspendue !

J’ai fait ce choix pour éviter le meuble TV qui aurait encombré le passage au sol et alourdit l’aménagement d’ensemble de son studio. Pour la touche déco, j’ai mis un papier peint que ma grand–mère avait choisi précédemment parmi 3 modèles. Et pour finir, sur ce « mur » à côté de la TV, nous lui avons installé son horloge et son éphéméride, qui sont vraiment ses objets fétiches d’ancrage dans le temps.

J’ai fini cette journée exténuée et heureuse. Heureuse de pouvoir présenter à Gratienne sa nouvelle maison et heureuse d’avoir partagé cette aventure avec l’ensemble de ma famille. Chacun d’entre nous a donné le meilleur de lui-même sur ce qu’il sait le mieux faire. Merci à vous tous d’avoir rendu cela possible. Pour elle, avant tout, et pour moi, car c’était vraiment ce qui me tenait à cœur.

J’avais à cœur de lui donner l’opportunité de vivre dans un logement pratique, accessible pour elle comme pour les personnes qui lui viennent en aide, mais surtout à son image et à son goût.

Et vous ? Y a-t-il un projet, une action qu’il vous tient vraiment à cœur de réaliser pour vos ainés ?

Avant l’aménagement : observation des habitudes et des besoins de Gratienne.

Avant même de savoir comment aménager ce carré de 30m2, je devais déjà connaître les habitudes de vie de ma grand-mère. Quels étaient ses scénarii de vie, composés de ses usages et de ses habitudes ? Qu’est-ce que je devais absolument conserver pour son bien-être et sa sécurité, et qu’est-ce que je pouvais abandonner dans cet espace de vie compact ?

Je suis partie du rythme qu’elle avait à Grigny (91) dans son trois-pièces : son logement était constitué d’un petit couloir qui desservait la cuisine et les toilettes et aboutissait à la pièce de vie. De celle-ci, nous pouvions accéder à la salle-de-bain et à deux chambres.

Le matin, elle avait l’habitude de prendre son petit-déjeuner dans sa cuisine. D’ailleurs, c’était le seul moment où elle profitait de cette pièce.

Ensuite, passage à la salle-de-bain, comprenant une douche, un lavabo et un grand placard, où ses produits et son linge de toilette étaient rangés. Elle y prenait une douche 2 fois par semaine, aidée par les dames d’une association d’aide à domicile. Le reste de la semaine, elle y faisait sa toilette au gant, directement au lavabo.

Puis, elle prenait place dans sa pièce de vie, ou plutôt dans le fauteuil qui s’y trouvait ! C’est ici qu’elle passait toute sa journée. Avec ou sans sa TV allumée, d’ailleurs. Il y avait une fenêtre, qui lui permettait de voir ce qui se passait à l’extérieur.

Elle a tenté d’y mettre une jardinière mais l’exposition n’était pas favorable pour en profiter longtemps !

Son déjeuner et son dîner étaient pris dans le fauteuil grâce à une table à roulettes, où elle disposait l’ensemble de son repas, quelques heures auparavant.

Je dirais plutôt qu’elle y faisait « dînette » : un bout de pain, un morceau de fromage, une tranche de jambon lui convenaient toujours amplement.

Elle allait ensuite se coucher dans sa chambre composée de son lit, son armoire et sa commode, avec la porte toujours ouverte !

En partant de ces observations sur son ancien lieu d’habitation, et de sa vie de transition en Charente avec mon père, j’avais assez d’informations pour me lancer dans l’aménagement de sa future maison.

J’ai commencé par concevoir le plan du garage, en partant de l’existant. Ensuite, j’ai réfléchi au placement des zones d’usages, en fonction des informations que j’avais collectées et observées, surtout pour favoriser la fluidité de circulation. Ce plan allait être la pièce maîtresse de mes différents échanges avec les artisans mais également pour constituer le dossier pour SOLIHA*.

J’ai également réalisé des planches d’inspiration de l’ensemble des zones de vie, en gardant l’accent mis sur les meubles que Mamie souhaitait que je garde.

Et vous, observez-vous la façon de vivre de vos ainés, quelles sont leurs habitudes de vie qui leur procurent du bien-être ? Ont-ils des habitudes particulières dans chaque pièce de leur logement ?

Sous le charme !

Gratienne a quitté la région parisienne avec son gendre, après la disparition de sa fille. Ils ont trouvé une jolie maison avec jardin en Charente.

Leur envie : habiter ensemble, avec chacun leur autonomie !

Mon défi : trouver une solution qui corresponde à leurs conditions à tous les deux, ma grand-mère et mon père. 

Je vous raconte ici mon cheminement, mes réflexions, toutes les étapes clefs qui m’ont permis de mener à bien ce projet d’habitation, dans le respect de leurs désirs, pour une nouvelle qualité de vie.


 Aux vacances de Février, nous avions convenu avec mon père qu’il vienne en Charente pour visiter d’autres villes, afin de pouvoir agrandir ma zone géographique de recherche. Juste avant son arrivée, ô miracle, je tombe sur une annonce décrivant une maison de plain-pied proche de Rouillac !

« Papa ! Banco ! Celle-là, il faut aller la voir ! »

Déception, cette maison était certes bien située mais elle demandait de gros travaux de rénovation car non entretenue et nous devions construire l’habitation de Mamie sur le terrain ! En sortant de cette maison, nous avons décidé d’aller boire un café dans le bourg. En chemin, nous sommes passés devant la vitrine d’une des deux agences immobilières de la ville. Et là, une affichette attire mon attention : « Exclusivité : Maison de 110 m2 de plain-pied, extérieur arboré, Rouillac centre-ville, commerces accessibles à pied et son garage indépendant de 36 m2 ». Le prix affiché était vraiment au-dessus de notre budget (toujours pas clairement défini) mais aussitôt devant mon ordinateur, photos à l’appui, bonne pioche !

Là, il n’y avait plus de doute, c’était cette maison qu’il nous fallait visiter !

Je prends le rendez-vous immédiatement pour que mon père puisse la visiter avant de devoir repartir en région parisienne. Le rendez-vous est fixé à l’agence. Et nous nous y sommes rendus à pied avec l’agent immobilier ! Bonne stratégie de sa part ! Il garantit ainsi à l’acheteur que cette maison est effectivement idéalement située pour faire ses courses à pied.

Une fois entrés dans l’impasse, nous découvrons, tous les deux, un pavillon récent et bien entretenu, fonctionnel, accessible avec une terrasse protégée qui donne sur un espace extérieur arboré, fleuri. Son garage est desservi par une allée indépendante de l’entrée du pavillon, comme une petite maison au fond du jardin, avec son petit volet en bois entourant une petite fenêtre ! Pour moi, il n’y a aucun doute, c’est la maison de Gratienne !

Je me rends compte que j’ai une vraie capacité de projection, je vois ce que d’autres ne voient pas : le potentiel ! Comment quelque chose peut être sublimé, révélé et répondre à des attentes parfois non formulées de façon consciente ? Simplement en changeant les usages initiaux.

Et vous, faites-vous dans votre vie cette expérience du détournement d’usage et de fonction ?

Je voulais remercier Marion de l’agence Ariane-immobilier à Rouillac, pour sa gentillesse et son professionnalisme, qui a contribué à la bonne mise en marche de notre projet !