L’esprit de famille, sans terre et sans racines.

photo de E.BENARD

J’ai un rapport à l’habitat qui est intimement lié à l’épanouissement de l’esprit de famille.  La maison doit être facile à vivre dans ses usages au quotidien, et modulable dans sa façon d’accueillir tous les membres d’une même famille. Chacun doit se sentir chez lui, à son aise ! Que nous soyons à demeure ou en visite, chacun doit jouir d’un espace suffisant pour ne pas imposer sa présence à l’autre et, en même temps, partager des moments de convivialité tous réunis.

Je vous concède que c’est facile pour moi d’avoir cette considération, car je vis en Charente, où le prix du m² me permet de me préoccuper du luxe de l’espace. La Charente justement, cette région que j’ai choisie, ou plutôt, qui m’a choisie, pour que je puisse goûter le luxe de l’espace afin d’y planter mes racines ! Moi qui suis, sur le papier, Normande (et qui vis avec un Picard !), je me sens à ma place ici. Avant de découvrir cette sensation d’être pleinement où je dois être, j’avais la sensation de n’être de nulle part, sans appartenance réelle à une région, notamment à ma région natale : la Normandie. J’en avais une représentation de carte postale, composée de pommiers, de vaches et où le calva et le cidre coulent à flot. Pourtant, mes cousins, mes oncles et tantes me rappellent, à chaque fois que nous nous retrouvons, mon appartenance à cette région.

En fait je n’étais pas sans racines mais déracinée.

A l’âge de 3 ans, je suis partie de Normandie pour la région parisienne, en vivant un changement de lieu d’habitation tous les 3 ans en moyenne. Petit, vieux, atypique, inadapté à la taille de ma famille, nous devions nous habituer rapidement à chaque nouvelle ville et nouvel espace, et pallier systématiquement ce qui nous manquait, pour que chacun puisse y trouver sa place. Une chambre en moins, une salle-de-bains au fond d’une cour, un manque de rangement… Mes parents qui travaillaient beaucoup et étaient peu présents à la maison avec nous, s’arrangeaient toujours pour que ces désagréments d’habitat soit compensés. Cela passait par l’achat de mobilier ou de petites rénovations en fonction de leur énergie et de leurs moyens du moment.

Ainsi, être chez soi, c’est avoir un espace qui comble nos besoins premiers, en fonction de notre situation de vie et qui permet à l’esprit de famille de s’y épanouir ! La maison devient lieu de vie et de convivialité le temps d’un repas, d’un week-end ou de vacances partagés en famille. Le temps et l’espace ne doivent pas être des freins au plaisir d’être ensemble.

A présent que ma grand-mère est installée chez elle, c’est avec enthousiasme que je m’apprête à accompagner mon père afin que sa maison gagne en lumière, en fluidité de déplacement et surtout qu’elle devienne le point d’ancrage charentais pour toute ma famille Normande !